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Le doctorat en question

Une étude fait le bilan international de l'évolution de la formation à la recherche et dégage les implications pour le Québec

Alexandre Bourque-Viens, directeur par intérim du Centre universitaire d'enrichissement de la formation à la recherche de l'UdeS, et Jean Nicolas, professeur retraité de la Faculté de génie, qui a conduit une étude sur la formation à la recherche.
Alexandre Bourque-Viens, directeur par intérim du Centre universitaire d'enrichissement de la formation à la recherche de l'UdeS, et Jean Nicolas, professeur retraité de la Faculté de génie, qui a conduit une étude sur la formation à la recherche.
Photo : Michel Caron

9 avril 2009

Rachel Hébert

Si la formation doctorale joue un rôle essentiel pour la société en assurant la relève de la recherche et de l'innovation, il demeure que les nouveaux enjeux que sont l'augmentation du nombre de doctorants, la diversification des carrières ainsi que les nouvelles façons d'apprendre et de chercher viennent remettre en question la formation actuelle dans les universités. Jean Nicolas, professeur retraité de la Faculté de génie, a conduit une étude sur l'évolution récente de la formation doctorale. «La formation à la recherche doit être revivifiée», dit-il.

Le doctorat en question : portrait statistique, formation, encadrement, qualité est une étude commanditée par le Conseil national des cycles supérieurs de la Fédération étudiante universitaire du Québec. Réalisée en collaboration avec l'Observatoire des sciences et des technologies de l'Université du Québec à Montréal, l'étude visait notamment à examiner l'adéquation de la formation doctorale des étudiantes et étudiants du Québec aux carrières qui les attendent.

L'étude révèle entre autres l'augmentation du nombre de doctorants, qui ne s'accompagne pas d'une augmentation du nombre d'encadrants. «Les professeurs se retrouvent maintenant à encadrer jusqu'à une dizaine de doctorants, dit Jean Nicolas. Il n'est plus possible dans ces conditions de continuer à former selon le modèle maître-apprenti.»

Il propose un encadrement en comité formé d'un directeur de thèse et de conseillers, de façon à ce que la doctorante ou le doctorant ait accès à un plus grand champ de connaissances et de compétences. Cette nouvelle façon d'encadrer est en expérimentation dans certains programmes de doctorat à l'UdeS.

Un autre enjeu de la formation à la recherche est la diversification des carrières auxquelles peuvent se destiner les titulaires de doctorat. Autrefois orienté vers l'enseignement et la recherche à l'université, le doctorat ouvre de plus en plus la voie à de multiples possibilités : chercheur en entreprise ou pour le gouvernement, communicateur scientifique ou encore entrepreneur.

L'étude sur la formation doctorale fait également état de l'évolution constante du savoir et de sa création, qui exige notamment le développement de nouvelles compétences personnelles et professionnelles. «Les doctorants proviennent de milieux très divers et se destinent à faire des choses très différentes après leurs études, dit Jean Nicolas. On ne peut donc plus les former dans un moule unique.»

Pour actualiser la formation à la recherche, il propose un parcours personnalisé. «Le parcours de formation permettrait au doctorant ou à la doctorante de réfléchir à son projet de formation, explique-t-il. Il pourrait par exemple ajuster celui-ci en fonction des compétences qu'il doit améliorer parce qu'elles lui font défaut, ou en fonction de la carrière à laquelle il se destine.»

Le doctorat en question est la première étude du genre au pays, selon Jean Nicolas. Si la preuve est faite qu'on doit continuer de former les précurseurs du renouvellement et de la création du savoir que sont les Ph.D., l'étude invite les universités à améliorer la formation à la recherche. L'Université de Sherbrooke est déjà passée à l'action.

Enrichir la formation doctorale à l'UdeS

La formation au doctorat, Jean Nicolas a choisi d'en faire sa cause depuis 2002. Ancien vice-recteur à la recherche de l'UdeS, il a été l'instigateur du microprogramme de 3e cycle d'enrichissement des compétences en recherche et titulaire de la Chaire pour l'innovation dans la formation à la recherche.

Le microprogramme d'enrichissement des compétences en recherche est proposé depuis quatre ans aux doctorantes et doctorants de 17 programmes scientifiques de l'UdeS dans une perspective interdisciplinaire et en lien avec leur projet et leur environnement de recherche. Les cours offerts couvrent des sujets tels que la gestion de l'innovation, la communication scientifique, l'éthique ou l'enseignement en contexte universitaire.

Le microprogramme est maintenant sous la responsabilité du Centre universitaire d'enrichissement de la formation à la recherche de l'UdeS. Ce centre prend le relais de la Chaire pour l'innovation dans la formation à la recherche.

Le directeur par intérim du Centre, Alexandre Bourque-Viens, souligne que la mise en place du Centre vise à consolider l'héritage laissé par la chaire et à poursuivre sa mission de renouvellement de la formation doctorale. «L'idée n'est pas de faire un nouveau doctorat, précise-t-il, mais plutôt de construire sur les forces actuelles de la formation à la recherche, de l'enrichir, afin d'en faire un outil qui convienne au contexte actuel.»

Les résultats de l'étude Le doctorat en question seront présentés le jeudi 23 avril à 12 h à l'Agora du Carrefour de l'information, dans le cadre du Mois de la pédagogie universitaire.